Le fidèle ou le visiteur qui entre dans la chapelle de l’Ermitage par la porte septentrionale se retrouve d’emblée face à la lumière qui inonde l’édifice par la façade sud.
Enfoncées dans leurs profondes embrasures, les fenêtres s’ouvrent au regard du visiteur à condition qu’il entreprenne la marche jusqu’à l’autel. La lumière abondante invite le pèlerin à y inscrire une signification et à en contempler le langage qui le guidera sur son chemin.
Depuis ses origines, le vitrail avec ses pièces multicolores cloisonnées dans le réseau de plomb, attire le regard vers la lumière et invite à la lecture et à l’écoute. La chapelle de l’Ermitage est un lieu qui inspire le mouvement, où le désir se fait sentir de « se mettre en route vers la lumière ». Nous nous rappelons alors la toute première parole que Dieu prononça au commencement de la création : « Une lumière sera. Et c’est une lumière » (Genèse I : 3, traduction Chouraqui). De cette parole se dégagera le thème central que l’artiste, Daniel GOETSCH, a choisi pour ce cycle de vitraux, celui du chemin qui mène à la lumière promise et qui est lui-même lumière, selon la parole de Jésus-Christ : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jean XIV : 6).
Si les vitraux sud invitent à regarder vers la lumière et à l’accueillir, leurs couleurs sont aussi projetées sur les vitraux nord qui les reflètent et qu’elles animent. Pour les contempler le visiteur doit tourner le dos à la lumière et il la voit alors éclairer la réalité du monde.
Les vitraux SUD
La trame thématique
Dix fenêtres sont réparties par groupes de deux sur toute la façade sud, le premier groupe faisant face à la porte d’entrée. Ainsi 5 thèmes principaux désignent-ils chaque groupe, et chaque thème est ordonné en miroir, le cinquième groupe de vitraux répondant au premier, le quatrième au deuxième et le troisième marquant le centre. Cette ordonnance en miroir veut rappeler la condition du pèlerin, qui se trouve constamment dans un mouvement « d’aller et venir », faisant écho à la parole du Christ : « Je suis la porte ; si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé, il ira et viendra et trouvera de quoi se nourrir » (Jean X : 9).
L’évolution graphique
L’expression graphique évolue du premier au dixième vitrail ; entre les droites horizontales et verticales du premier et le tracé circulaire du dixième, les lignes se métamorphosent. Les droites s’inclinent d’abord et se modulent ensuite ; des courbes apparaissent, et donnent naissance à des formes fluides et organiques ; les lignes droites se transforment en courbes, comme en quête de leur propre centre pour aboutir à un entrelacs de segments de cercles, tissant la trame du vitrail du chœur.
Les couleurs
Le « chemin » thématique des vitraux est souligné aussi par une coloration symbolique.
En entrant par la porte, le regard est d’abord captivé par les bleus du premier vitrail, qui invitent à rentrer en soi. Puis le bleu s’efface pour accueillir le rouge et se mêler au vert, couleur qui s’affirme pleinement dans le troisième groupe. Le sixième vitrail introduit les terres, qui domineront le groupe quatre et avec les ocres préluderont au feu et au jaune du dernier groupe.
Le premier groupe a comme thème majeur : « Que la lumière soit », lumière apportée par le Christ dans le premier vitrail, par les prophètes dans le second. De là s’en dégagent deux thèmes mineurs :
1er vitrail: « Je suis la porte » (Jean X : 9). Les lignes horizontales et verticales font apparaître la croix, évoquant le Christ sauveur, le bleu rappelant l’eau du baptême et la nécessité de rentrer en soi.
2e vitrail: « Les prophètes ». La lumière qui jaillit déjà dans le premier vitrail, se répand dans le second. Les astres, placés par Dieu dans le ciel, pour éclairer la terre le jour et la nuit, renvoient aux messages des prophètes.
A l’autre extrémité de la façade, les vitraux du cinquième groupe, situés au pied de l’autel expriment l’accomplissement de la promesse divine par l’exaltation de la lumière. Les couleurs dominantes sont le jaune et le rouge, évoquant cette fois le baptême du feu, le baptême de l’esprit. Se dégagent alors les deux thèmes mineurs :
9e vitrail: « Je suis la résurrection et la vie » (Jean XI : 25).
10e vitrail: « Je suis la lumière du monde » (Jean VIII : 12). Les couleurs flamboyantes et les lignes qui s’élèvent s’inscrivent dans une harmonie graphique en se refermant autour d’un cercle.
Les deux groupes II et IV se réfèrent à l’eucharistie, au don de la vie, au corps et au sang du Christ. BUVEZ, pour le groupe II et MANGEZ pour le groupe IV évoquent ainsi la transformation de l’homme qui a reçu la nourriture spirituelle.
3e vitrail: « Ceci est mon sang, le sang de l’alliance qui est répandu pour la multitude, pour le pardon des péchés» , (Mt XXVI : 28).
4e vitrail: « Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis » (Jean X : 11).
A nouveau les vitraux 7 et 8 du groupe IV parlent, en miroir, de l’eucharistie:
7e vitrail: « Je suis le pain de vie » (Jean VI : 41).
8e vitrail: « Ceci est mon corps, qui est donné pour vous » (Luc XXII : 19).
Les deux vitraux du groupe III s’inscrivent dans le thème des « NOCES ». L’intimité et la joie règnent entre Dieu et l’homme : « Je suis le cep, vous êtes les sarments »
(Jean XV : 5). La Joie est abondante, la table de noce est débordante et généreuse. C’est aussi le mariage des couleurs, du jaune et du bleu qui produisent le vert de la végétation, avec ses fruits de toutes les couleurs.